Aucune disposition d'âme n'a occupé si longtemps l'Occident. Les Grecs l'appelaient la bile noire (melangkholia, qui donnera le mot mélancolie). Aristote s'étonnait que cette humeur réputée néfaste touche la plupart des hommes d'exception. Elle est par tradition cause de souffrance et de folie, et sa désignation comme "maladie sacrée" implique une dualité. Les artistes de l'Antiquité la représentèrent sous la forme d'êtres pensifs, tête inclinée posée sur la main, regard perdu où se devine une sourde douleur. Au fil des siècles, l'image du mélancolique changera peu - 'le Portrait du Dr Gachet', de Van Gogh, ou la sculpture hyperréaliste de l'Australien Ron Mueck ('Big Man', 2000) respectent cette iconographie. Devenue saturnienne, puis reclassée dans la grande famille des dépressions, la mélancolie a toujours inspiré les artistes qui, pour en être victimes dans les périodes de doute et d'impuissance, connaissent son charme mortifère. Avec plus de 200 oeuvres, l'exposition se propose de vous introduire à cette richesse encore mal connue et met en évidence le rôle essentiel joué par la mélancolie dans les différentes formes de la création artistique en Europe, de Dürer à Goya en passant par Bruegel, Bosh, Arcimboldo, Watteau, La Tour, Füssli, Delacroix, Rodin, Munch, Baudelaire, Artaud, De Chirico, Picasso, Hopper...